Le renard arctique |
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Renard arctique |
Renard arctique qui surgit de sa tanière d'été |
Le renard arctique Alopex lagopus, souvent
appelé renard blanc, est un membre de la famille des
canidés; il est donc apparenté aux autres renards, aux
loups et aux chiens. Il habite les terres circumpolaires
de l'Arctique qui s'étendent, au Canada, de la pointe
septentrionale de l'île d'Ellesmere jusqu'à Churchill,
au Manitoba, la limite méridionale de la toundra.
L'étendue de l'aire de répartition de ce renard dans le
milieu arctique au climat rigoureux s'explique par son
excellente adaptation au froid et par la variété de son
alimentation.
Les caractéristiques physiques et l'adaptationLe renard arctique pèse de 2.5 à 9kg et mesure entre 75 et 115cm de longueur; avec sa taille comparable à celle d'un gros chat, c'est le plus petit canidé sauvage du Canada. La queue longue et touffue représente entre 30 et 35% de la longueur totale de l'animal. En hiver, le pelage du renard arctique est épais et blanc, mais au mois de mai, lorsque les premiers rayons de soleil commencent à faire fondre la neige, il devient plus mince et prend des tons de brun. Quelques semaines plus tard, le dos, la queue et les pattes sont brun foncé et le ventre et les flancs sont de couleur chamois. Une petite proportion de l'espèce a un manteau épais d'un gris-bleu pâle en hiver, qui s'amincit et devient plus foncé en été. Ce coloris bleu (renard bleu) est observé chez presque toutes les populations, bien que la proportion tende à être plus forte chez les animaux vivant dans les régions côtières qui ne connaissent en général pas de glace durant l'hiver. Au Canada, les renards bleus constituent rarement plus de 5% des animaux capturés, tandis qu'au Groenland, par exemple, la proportion de renards bleus peut atteindre 50%. Le renard arctique est remarquablement adapté au milieu arctique. La forme compacte du corps, le museau court et les oreilles petites, arrondies et bien recouvertes de fourrure, réduisent au minimum les pertes de chaleur des extrémités du corps. Le pelage épais et fourni, composé de poils très fins, et la fourrure qui recouvre la plante des pieds forment une excellente isolation; par conséquent, la consommadon d'énergie nécessaire pour garder la chaleur du corps ne s'accroît que lorsqu'il fait extrêmement froid. Même en hiver, lorsque la recherche de nourriture les entraîne loin, les renards arctiques cherchent rarement un abri, sauf durant les grosses tempêtes: il creusent alors un trou dans un banc de neige ou se cherchent une tanière. On entend rarement le cri du renard arctique, sauf pendant la saison des amours. Les renards communiquent alors entre eux en émettant des hurlements que l'on peut entendre de très loin. Les adultes glapissent également pour avertir leurs petits d'un danger et émettent un gémissement aigu et prolongé lors de conflits territoriaux avec d'autres renards. La tanière et la reproductionLa saison des amours commence, pour les renards, en mars ou en avril, soit deux mois avant la fin de l'hiver. L'accouplement a lieu après une longue période de jeux et de poursuites. Tout au long de la période de gestation, qui dure de 51 à 57 jours, le couple reste ensemble et se trouve une tanière pour élever les petits. Les tanières sont généralement situées au sommet ou sur le flanc des eskers, ou sur la partie supérieure des berges des lacs ou des rivières, là où le sol est sablonneux, sec et stable. Leurs emplacements sont habituellement libérés de la neige avant les terrains avoisinants en raison de la qualité du drainage. Les tanières peuvent être vieilles de 300 ans et comporter jusqu'à 100 entrées. Avant la naissance des renardeaux, les deux adultes se partagent la responsabilité d'en nettoyer une partie et de creuser une ou plusieurs nouvelles entrées. Les renardeauxLes petits des renards arctiques naissent entre la fin de mai et le début de juin. Une portée moyenne compte environ 11 renardeaux. Il s'agit de la plus grosse portée de tous les canidés; elle représente le double de la portée moyenne du renard roux et c'est la plus importante parmi les mammifères sauvages du monde. Des portées comptant jusqu'à 22 petits ont déjà été signalées en U.R.S.S. À la naissance, les renardeaux sont aveugles, sans défense et couverts de poils; ils pèsent environ 57g. Comparativement aux autres canidés, le renard mâle est probablement le compagnon le plus attentionné qui soit au cours de la période pendant laquelle la femelle reste dans la tanière. Juste avant la naissance des petits et pendant que la femelle est occupée à nourrir et à soigner sa portée, le mâle chasse activement pour elle. Après cinq ou six semaines, lorsque les renardeaux sont sevrés, la femelle commence à partager les activités de chasse avec son compagnon et, graduellement, elle apporte plus de la moitié de la nourriture à la portée en pleine croissance. Bien que la quantité d'aliments qu'il fournit diminue peu à peu, le mâle continue d'en apporter à la tanière jusqu'à ce que les petits commencent à en sortir, soit 14 ou 15 semaines après leur naissance. L'importance de la portée et le rythme rapide de croissance des petits obligent les adultes à chercher fébrilement de la nourriture. Pour une portée moyenne d'environ 11 renardeaux qui ne font que commencer à manger des aliments solides, il faut environ 30 lemmings par jour, ou l'équivalent. Au cours du reste de la période passée dans la tanière, les besoins augmentent jusqu'à plus de 100 lemmings par jour. Les adultes et les petits mangent environ 3,500 à 4,000 lemmings pendant l'ensemble de la période. Le régime alimentaire et la chasseLe régime alimentaire du renard arctique varie beaucoup d'un secteur à l'autre de son aire de répartition. Dans les vastes étendues de la toundra continentale, le renard arctique se nourrit presque exclusivement de lemmings durant toute l'année. De 5 à 10% seulement du régime alimentaire estival est composé d'oiseaux, d'oeufs, de spermophiles et de baies. En hiver, le renard poursuit sa recherche de lemmings, qui vivent sous la neige. Il consomme également la viande enterrée par les trappeurs inuit, les carcasses abandonnées par les loups et la nourriture qu'il a cachée au cours de l'été. Dans la toundra, afin de répondre aux besoins de leurs petits, les adultes chassent le lemming sous le soleil de la nuit arctique, de 16h à 10h ou 11h le lendemain matin. Chaque adulte part habituellement en chasse de 10 à 15 fois au cours de la nuit et apporte chaque fois de trois à huit lemmings. Lorsque les lemmings abondent, les renards chassent sur un territoire de 2.5 à 5km2. Cependant, lorsque la nourriture est plus rare, les adultes parcourent probablement de plus grandes distances. Ils capturent les lemmings en les arrachant de leurs nids aménagés dans le tapis végétal des petites buttes. Les lemmings qui s'aventurent dans la végétation basse et clairsemée de la toundra se font attaquer par les renards qui bondissent soudainement sur eux; ceux qui sont surpris dans les endroits broussailleux sont capturés par le renard qui s'avance furtivement. Dans d'autres régions, une part importante de l'alimentation du renard arctique est constituée d'autres rongeurs comme les spermophiles et les campagnols et, en été, d'oiseaux adultes et de leurs oeufs ainsi que de jeunes incapables de voler. Les renards des régions côtières se nourrissent aussi de petits animaux marins, de poissons et de charogne qu'ils trouvent sur le rivage. L'hiver, ces renards s'aventurent sur la glace de mer et suivent les ours polaires pour dévorer les restes de phoques; ils cherchent aussi les refuges des phoques pour capturer leurs petits. Certains renards vivent à proximité d'importantes colonies d'oiseaux de mer; il s'emparent des oeufs et capturent des centaines d'oiseaux qu'ils enterrent pour les manger au cours de l'hiver. D'autres parcourent les rives des lacs en juin, afin de lever de son nid un canard, une oie ou un oiseau de rivage, et manger ses oeufs. Les renards arctiques s'attaquent parfois aux Grues du Canada et aux oies, mais ils l'emportent rarement sur d'aussi grosses proies. Les cycles de populationLe nombre de renards arctiques, notamment chez les populations qui se nourrissent principalement de lemmings, varie grandement en fonction de l'abondance de ces rongeurs. Même si la fluctuation du nombre de lemmings, qui se produit tous les trois ou quatre ans en Amêrique du Nord, n'est pas aussi bien comprise que celle qui survient dans les pays scandinaves, elle n'en est pas moins impressionnante. La taille de la population de lemmings peut se multiplier par 10 ou par 20 d'une annêe à l'autre, et il n'est pas rare qu'elle se multiplie par 100 lorsque le cycle des lemmings atteint un sommet. Durant ces années d'abondance, de nombreux renards survivent au long hiver, une forte proportion de la population se reproduit le printemps suivant et les portées sont élevées avec succès. Le cycle du renard arctique présente alors une crête l'hiver suivant. Une particularité du cycle du lemming est l'effondrement ou la diminution soudaine de la population, qui peut être causé par le mauvais temps, la pénurie de nourriture, le stress ou les prédateurs, ou une réunion de ces facteurs. Face à un épuisement rapide des ressources alimentaires, le renard arctique peut se voir obligé d'abandonner les régions de chasse habituelles et de parcourir des centaines de kilomètres pour se nourrir, à la facon d'un nomade. Il arrive souvent qu'un grand nombre de renards voyagent dans la même direction et ces déplacements sont appelés des migrations. Au Canada, on connaît bien peu de choses de la direction des migrations ou du nombre de leurs participants; toutefois, l'intensité et l'étendue de ces migrations en U.R.S.S. sont bien connues. Une baisse dans le nombre des lemmings, la fatigue, le froid intense et particulièrement le manque de nourriture contribuent à décimer la population de renards et à faire mourir un grand nombre de renardeaux. Les pièges des autochtones, les chasseurs et les maladies comme la rage et la gale jouent également un certain rôle dans la réduction des populations. Le printemps suivant, les renards qui restent sont faibles, une plus petite proportion de la population se reproduit et moins de couples parviennent à élever tous leurs petits. Lorsque les lemmings se font plus rares, les renards adultes ne parviennent pas toujours à répondre aux besoins de leurs petits en pleine croissance. Il arrive alors que les adultes abandonnent la portée et laissent les nourrissons mourir de faim, ou que les renardeaux se battent et s'entre-tuent, diminuant de ce fait la demande de nourriture de la portée jusqu'à un niveau de besoins auxquels les adultes peuvent répondre. Les ennemisLes renards arctiques adultes et leurs petits ont très peu d'ennemis à part les humains. Les loups mangeront un renard s'ils peuvent en attraper ou s'ils en trouvent pris dans un piège. Aux endroits où leurs territoires se chevauchent, les renards arctiques et les renards roux se font concurrence pour les tanières et les aires de chasse parmi les arbres clairsemés de la bordure méridionale de la toundra. Les Aigles royaux peuvent constituer une menace pour les renardeaux qui sont dans la tanière, et les grizzlis et les loups des toundras sont capables de creuser le sol pour faire sortir les petits ou les adultes de leur refuge. L'industrie de la fourrureAu Canada, la magnifique et précieuse peau du renard arctique est une importante source de revenu pour les autochtones du Nord. Pendant la période de grande popularité des fourrures, dans les années 1920, la valeur marchande des peaux de renards arctiques était élevée et on pratiquait alors l'élevage. À mesure que de nouvelles industries et de nouvelles façons de vivre ont changé l'Arctique, la fourrure du renard arctique a occupé une place moins importante dans l'économie de cette région. Aujourd'hui, il ne reste pratiquement plus d'élevages de renards arctiques au Canada. (Cette pratique est plus courante en U.R.S.S. et en Scandinavie où les renardeaux sont capturés dans la tanière et élevés en cage jusqu'à ce que leur fourrure atteigne une valeur marchande.) Toutefois, la vente des peaux constitue encore une source de revenu pour les résidents du Nord. Sur l'île Banks, le piégeage intensif du renard arctique assure la prospérité aux trappeurs de Sachs Harbour. La gestionLa seule réglementation touchant le renard arctique a trait aux dates fixées pour la saison de piégeage. Il n'existe aucune restriction quant au nombre de renards qu'il est possible de piéger ou aux zones de piégeage. Des études portant sur les régions propices à la reproduction permettraient d'évaluer avec précision les résultats du piégeage et de dénombrer les renards arctiques. Cependant, comme la pression du piégeage diminue, l'abondance relative des lemmings est un bon indicateur de l'état des populations de renards arctiques. Un grand nombre de touristes se rendent dans le Nord pour y observer la faune, et les renards arctiques sont l'une des espèces qu'ils ont une excellente chance de voir. Ces charmants canidés sauvages s'aventurent souvent dans les terrains de camping à la recherche de nourriture et de divertissement. Par le passé, ces visites étaient à la fois une distraction appréciée et un désagrément: les scientifiques qui étudiaient les colonies d'oiseaux de mer devaient prendre la précaution, non seulement de protéger la nourriture à leur emplacement de camping, mais également de ne pas attirer les renards (qui se régalent d'oeufs et d'oisillons) près des nids qu'ils étudiaient. De nos jours, avec l'augmentation des activités humaines dans le Nord, les populations de renards abondent parfois près des dépotoirs et des autres sources anthropiques de nourriture. Le risque de transmission de maladies comme la rage croît avec l'augmentation du nombre de renards à un endroit donné. Les gestionnaires cherchent à protéger les renards de situations où ils deviendraient des animaux nuisibles, en recommandant la réduction des sources anthropiques de nourriture. Ils soulignent aussi l'importance de protéger un nombre suffisant de tanières si l'on veut éviter le déclin des populations et si l'on souhaite encore voir les renards arctiques parcourir les grandes étendues de la toundra. |
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